Des vitraux pour sublimer l'architecture (1/2)
« la bataille du vitrail »*
Aucun crédit des dommages de guerre n’est prévu pour les vitraux de l’église. Cette contrainte, ainsi que la volonté de Gillet de mettre en valeur son architecture au moyen d’un décor sobre et subtil, donne naissance au programme de vitraux visibles aujourd’hui. L’idée initiale de Gillet est de répartir le dessin des vitraux entre plusieurs peintres pendant l’étape de conception des plans. Mais il se rend vite compte que « tant que les volumes ne seraient pas construits et l’espace intérieur défini en vraie grandeur, il était illusoire d’imaginer la coloration, l’échelle juste à donner aux motifs, et puis, cette espèce de compétition, cette sorte d’exposition de tableaux de maîtres différents eut été contraire à l’unité de l’ensemble » (Guillaume Gillet).
Après plusieurs années, nécessaires pour obtenir les financements, et durant lesquelles plusieurs artistes tentent de s’imposer, Gillet choisit le maître-verrier Henri Martin-Granel. Celui-ci a déjà travaillé avec lui sur le chantier de la cathédrale de Bizerte (Tunisie). À Royan, son rôle est surtout de réaliser ce que Gillet dessine. Celui-ci souhaite en effet des verrières non figuratives, discrètes et douces, se mariant avec l’architecture.
* Citation de Gilles Ragot
le vitrail du chœur par claude idoux
Henri Martin-Granel est le principal maître-verrier de Notre-Dame. C’est cependant un autre artiste, Claude Idoux, qui réalise la grande verrière du choeur. En effet, ce vitrail bénéficie d’un financement par souscription, lancé par le journal Sud-Ouest, et Claude Idoux est choisi par les autorités religieuses et municipales pour le concevoir, sans intervention de Gillet. Il est posé dès 1958. Claude Idoux n’est pas novice en la matière ; il a déjà réalisé des verrières dans l’église de Saint-Rémy à Baccarat, en utilisant les dalles de cristal coloré mises au point par la cristallerie réputée de cette ville. Ce même matériau est employé à Royan, pour représenter une Vierge en Assomption. La verrière s’inscrit parfaitement dans le grand « V Lafaille » du chœur.
Dans des tons rouges, bleus et dorés qui illuminent la nef, le motif s’inspire de la « Vierge de la médaille miraculeuse » de la Rue du Bac à Paris, célèbre image populaire de l’apparition de la Vierge, en 1830, à une Sœur des Filles de la Charité. Elle est représentée lors de l’Assomption, auréolée de douze étoiles, le manteau prolongé de rayons solaires, sur un globe où s’agite un serpent. Selon la vision de cette Sœur, la boule représente à la fois le monde entier, la France et chacun de nous en particulier. Le démon cherche à y étendre son emprise et Marie entrave sa marche en le foulant aux pieds. Le reste de l’iconographie procède, plus traditionnellement, du texte de l’Apocalypse : « Un signe grandiose apparu dans le Ciel. Une Femme ayant le Soleil pour manteau et la lune sous ses pieds et, sur la tête, une couronne de douze étoiles » (Ap. 12,1).
Vierge de la Médaille miraculeuse de la rue du bac - Paris