Après Notre-Dame
syracuse
Pendant le chantier de Notre-Dame, Guillaume Gillet prend part aux grands concours internationaux d’architecture. Syracuse lance en 1957 un appel à projet pour la construction d’une basilique. Le tandem Guillaume Gillet, René Sarger manque de l’emporter et se trouve second de la compétition, avec un projet étonnant et audacieux. De Notre-Dame, l’architecte et l’ingénieur ont emprunté la composition, la structure et la couverture à laquelle ils ont appliqué le même style de « selle de cheval ».
Projet pour la construction de la basilique de Syracuse
Le clocher, en revanche, s’élance vers le ciel, à partir du centre de l’édifice, sous la forme d’une structure légère, pyramidale, surmontée d’un globe et d’une croix.
le pavillon français de l’exposition universelle
L’exposition universelle de 1958 qui se déroule à Bruxelles, porte le thème : « Pour un monde plus humain ».
En pleine guerre froide, elle vise à montrer la force d’un monde de rencontres et de dialogues.
Les plus grands noms de l’architecture – dont Le Corbusier – y confrontent leurs talents. Le Commissaire
Général de la section française, Pierre de Gaulle déclare même qu’il y voit un moyen de réaliser « une démonstration de propagande nationale ». Il charge Guillaume Gillet et les ingénieurs René Sarger et Jean Prouvé de répondre à cette attente, en réalisant une structure légère dont l’envergure monumentale et l’architecture audacieuse en verre et en acier devront apparaître à tous comme une prouesse technique. Le Palmarès de
l’Exposition, proclamé le 15 octobre 1958, place la France en tête du classement, bien avant la Belgique, avec
l’attribution de 1159 prix sur les 3871 décernés.
Le pavillon français, 102 mètres de portée, supporte une couverture légère – 8 kg au m2-, formée d’une coque
en paraboloïde hyperbolique. La structure en verre et en acier offre une façade imposante. L’apport de Notre-
Dame est manifeste. La couverture, une voile pré-tendue calculée par René Sarger, découle directement des
études faites à Royan.
Guillaume Gillet ne continue pas longtemps sa collaboration avec René Sarger. Mais fidèle à son habitude, il
s’associe avec un nouvel ingénieur et choisit Robert Lourdin avec qui il réalise trois autres églises : Saint-Crépin et Saint-Crépinien, la Chapelle de la Solitude à Vieux-Condé et Saint-Joseph-Travailleur en Avignon qui reprend et développe le même type de couverture, mais inversée.
En 1960, un concours est lancé pour l’édification de la cathédrale de Liverpool. Guillaume Gillet ne l’emporte
pas, mais le dessin du projet nous montre une silhouette très comparable aux églises de Vieux-Condé et
d’Avignon, dans des proportions évidemment plus imposantes. Il s’agit probablement du prototype, avant ces
deux réalisations.
C’est aussi l’année d’un autre projet d’architecture religieuse : l’église Saint-Michel des Galoubies à
Chamalières. Cette fois, pour un programme réduit (450 places), mais une flèche aussi haute qu’à Royan,
Guillaume Gillet choisit de reprendre les lignes de Notre-Dame tirées des V Lafaille tout en adoptant un autre
type de couverture : le platelage de bois. L’église ne verra pas le jour.
saint-crépin et saint-crépinien de soissons
Le projet de Saint-Crépin et Saint-Crépinien de Soissons lui offre, entre 1959 et 1962, la possibilité de renouer pour la première fois avec Notre-Dame, un an seulement après son inauguration. Il réutilise sa structure, sa couverture, pour un projet de moindres dimensions, mais qui reproduit presque trait pour trait le projet royannais.
L’église Saint-Crépin et Saint-Crépinien
vieux-condé
Pour l’édification de la Chapelle de la Solitude, à Vieux-Condé, près de Valenciennes, l'évêché de Cambrai fait appel en 1964 à Guillaume Gillet, dont la notoriété se fonde alors sur la réalisation toute récente de l' église Notre-Dame de Royan. La pose de la première pierre de la petite chapelle a lieu le 5 juillet 1964, après quatre années passées par un comité local à récolter les fonds nécessaires à la réalisation de cette construction. Le chantier est achevé en 1968.
Chapelle de la Solitude, à Vieux-Condé, près de Valenciennes
saint-joseph-travailleur en avignon
Eglise Saint-Joseph-Travailleur en Avignon
Comme à Vieux-Condé, pour le projet de l’église Saint-Joseph-Travailleur située dans le quartier de Champ- Fleury, en Avignon (1967-1969), Guillaume Gillet choisit un nouveau plan en une seule nef dont le centre est marqué par un clocher soulevant la toiture, donnant l’impression d’un oiseau sur le point de s’envoler. Ce projet, qui porte l’art de la voile suspendue à un degré de perfectionnement particulièrement élevé, constitue le dernier chantier religieux auquel participe Guillaume Gillet. De Notre-Dame, il reprend la construction à partir d’un module :
le triangle, symbolisant la Trinité divine, constitue le principe d’organisation de tout le centre paroissial, des espaces semblables à des scènes de tableau créant une ambiance scénique des volumes et un jeu entre pénombre et lumière.
Notre-Dame fut le point de départ d’une lignée créative extrêmement fertile d’édifices religieux pour Guillaume Gillet qui déclina son chef-d’oeuvre en de multiples exemplaires confinant – parfois - au pastiche ou développant - plus souvent - quelques éléments structurels, en poursuivant les recherches formelles et esthétiques commencées à Royan, pour créer un second type d’édifice qui reste, malgré sa différence formelle, une évolution du prototype royannais.
L’intérieur de l’église Saint-Joseph-Travailleur en Avignon