Hommage à M. Guillame Gillet, lors de son inhumation en l'église Notre-Dame de Royan, le 2 novembre 1996 par Père Pierre-Etienne Pillot
Crédits
« Madame Gillet, et vous la famille de M. Gillet
Monsieur le Maire, Monsieur le Député,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts
Messieurs les Académiciens,
Monsieur le Pasteur ; chers confrères
Vous tous les amis de Monsieur Guillaume Gillet,
Vous tous les paroissiens de Notre-Dame de Royan
« Ce que nous vivons ici aujourd'hui est avant tout le temps de la reconnaissance. Le temps de dire « merci », d'exprimer une extrême gratitude, mais aussi le temps de « reconnaître » et de percevoir davantage la vérité d'un visage et d'un être, dans cette volonté qui fut la sienne d'être inhumé dans ce qui, parmi toutes ses réalisations, l'a sans doute exprimé le plus profondément : cette église Notre-Dame de Royan.
« Contemplons ici ce jaillissement de la terre vers le ciel où confluent l'imagination et la technique, la sensibilité et la rigueur, la grâce et la pesanteur. Ces rencontres nécessaires pour produire une œuvre et parfois un chef-d'œuvre. Oui, contemplons ce frémissement des voiles et des superstructures en même temps que la proximité pesante et massive des fondations. Contemplons cet élan fou de l'esthétique, jusqu'à la limite extrême et contrôlée des matériaux.
« Oui, contemplons, car ici, ce soir, dans cette reconnaissance publique et officielle de Guillaume Gillet, je voudrais vous dire simplement pourquoi j'aime cette église dont je suis depuis dix ans le curé, le pratiquant et l'admirateur.
« Cet édifice, pour moi, répond tout d'abord pleinement à mon idée de l'architecture : ici, visiblement une pensée a informé, a donné forme à une matière.
« Et cette pensée, elle est transcendance, vertigineux élan vers Dieu, et inséparablement, dans le même mouvement, rassemblement d'un peuple, d'une communauté. C'est la fuite exigeante des lignes verticales tenue dans la douceur ovale de l'enveloppement des galeries.
« Oui ici, comme dans tout acte créateur et humain, la pensée a donné forme à la matière et cette forme est belle qui s'élance et qui rassemble ; elle correspond à l'esthétique chrétienne la plus authentique, à la beauté humaine essentielle : l'homme est fait pour s'élancer vers Dieu et cet élan ne peut jamais s'abstraire du rassemblement fraternel de l'humanité. Oui, cette forme est belle, car c'est à cette forme ultime que Dieu ne cesse de convier notre humanité pour qu'elle retrouve son vrai visage et sa splendeur originelle.
« Cette église correspond aussi pour moi, à une autre conception de l'architecture : le jeu harmonieux des pleins et des vides, des ombres et de la lumière. « Ab oriens usque ad occasum » : du soleil levant jusqu'au soleil couchant, qui n'a pas saisi le chemin de la lumière au cœur de cette église et de ses verrières, ne la connaît pas encore, et nous-mêmes n'aurons jamais fini de nous en émerveiller ! »